Présentation du lancer de JAVELOT


Historique du lancer de javelot
Le record du monde de Jan Zelezny et les limites de terrain
La validité d'un essai
Mécanique élémentaire du temps d'épaule

Les 5 phases du lancer de javelot


 
 


HISTORIQUE

Origine de l’homme : Le javelot est une arme de chasse et de guerre. On en trouve des traces dans les mythologies grecques et scandinaves. En tant qu’arme le javelot nécessitait autant d’adresse que de puissance. Il se lançait parfois avec une courroie ou une cordelette de façon à augmenter la portée.

Dans la mythologie Grecque Hercule est l'un des premiers lanceurs de javelot. Le lancer de javelot était présent lors des jeux de 708 avant J.C sous deux formes : lancement à une cible et à une distance jetant à l'aide d'une bride. Le javelot initial était fait de bois olive, mesurant entre 2.30m et 2.40m avec un poids de 400 grammes.

Les Scandinaves ont adopté l'événement vers 1780 et le javelot a subi une transformation étonnante, devenant un symbole de l'indépendance nationale pour les Finlandais. Le javelot mesurait alors 2.60 m et pesait 800 grammes, il était fait de bois d'hickory. Les techniques de freestyle se substitue au modèle antique du lancement.

Ce sont les Nordiques (Suédois) mais aussi les Allemands qui popularisent le javelot vers 1870. Les sociétés de Gymnastique copient le geste antique mais avec de longues perches épaisses. Ce serait la Suède qui aurait donner la forme actuelle à l’engin.

Vers 1890 début de la lutte entre Suédois et Finlandais, FELLMAR (Ramener en arrière vers le bas et en arrière : procédé Finnois) gagne à Stockholm en 1891 : 37,82 m sans élan. Progressivement on autorise un élan, mais on lance des deux bras (addition). En 1906, on considère uniquement le lancer du meilleur bras.

En 1952 la ligne de jet est devenue un arc, par opposition à une ligne droite, et des jets ont commencé à être mesurés à partir du point d'impact au bord intérieur de l'arc de lancement.

En 1953 aux Etats-Unis on invente un javelot creux, améliorant la superficie de 27%, augmentant ainsi considérablement la capacité de vol du javelot qui se pointe à terre horizontalement : le lancer du javelot est révolutionné . En 1954 on développe une variante en métal, qui allait toujours plus loin.

En 1966 l'Espagnol Felix Erausquin lance à plus de 100 mètres en utilisant une technique de rotation, qui est interdite par l'IAAF, la jugeant trop dangereuse.

La barrière des 100m était dépassée une fois de plus en 1984 par Uwe Hohn. L' IAAF a alors établi de nouvelles règles pour la construction du javelot afin assurer des temps de vol plus courts et un atterrissage par la pointe en premier (plus sûr et plus facile pour mesurer) : depuis le 1 avril 1986, le javelot de 800 gr a vu son centre de gravité déplacé de 4 cm vers l'avant pour diminuer la portance ( distance diminué de 10 %).

En 1991 les règles ont été changées pour éliminer un nouveau type de javelot avec une conception ' approximative ' ou ondulée de queue.

Les premières mesures féminines ont été enregistrées en Finlande en 1916. Au début elles utilisaient un javelot de 800 qui a été normalisé par la suite à 600 gr. Le premier enregistrement du monde par l'IAAF remonte à 1932. Le javelot féminin fait son début olympique en 1948.
 
 

Evolution des records :

  • Premier record mondial : E. LEMMING (Suède, précurseur de la méthode moderne) : 53,79 m
  • 1912 : LEMMING : 60,64 m (premier à plus de 60 m)
  • SAARISTO, premier Finlandais recordman du monde avec 61 m.
  • LEMMING 62,32 m puis MYNHA (Finlande) 66,10 m
  • 1920 : J.O Anvers : MYYRAE 65,78 m
  • 1924 : J.O Paris : MYYRAE 62,96 m
  • LINGSTROM (Suède) 66,62 m
  • 1927 : E. PENTILLA (Finlande) 69,88 m
  • 1928 : J.O Amsterdam : LUNDQVIS (Suède) 66,60 m puis dépasse le premier les 70 m : 71,01 m
  • 1930 : Début du règne de Motti JARWINEN (Finlande) 71,57 m puis 72,93 m pour atteindre 77,23 m en 1936.
  • 1938 : NIKKANEN (Finlande) 78,70 m puis trêve due à la guerre.
  • Vers les années 50 apparition des américains avec notamment Franklin HELD : 76,11 m en 1951.
  • 1952 : J.O Helsinki : C. YOUNG (USA) 73,78 m
  • Congrès d’Helsinki : Aire de lancer actuelle ainsi que la méthode de mesure. HELD met au point son javelot.
  • 1953 : HELD 80,41 m. Apparition de SIDLO (Pologne) 80,15 m (R.E) avec un javelot « normal ».
  • 1955 : HELD 81,75 m puis NIKKINEN (Finl.) SIDLO (Pol.) DANIELSEN (Norv.) AL CANTELLO (USA) LIEVORE ( Ital.) 86,74 m
  • C’est T. PEDERSEN(action du bras - catapultage, technique Suédo-Russe) qui le premier a dépassé les 90 m en 1964
  • LUSIS très régulier à cette distance (90,10 m aux J.O de 1968).
  • WOLFERMANN a réalisé 94,08 m
  • En 1996 : Jan Zelezny (Tchèque) a réalisé 98,48 m, record mondial
  • à suivre......

    Chez les femmes , longtemps propriété Soviétique, c’est FUCHS (RDA) qui a détenu le record mondial 66,10 m en ......

    Sur le plan français : 1922 : PICARD (RCF) 50 m ; 1927 : DEGLAND (RSO) 60,52 m ; 1947 : TISSOT 64,35 m ; puis MACQUET1954 : 64,60 m ..........

    En 1961 : 83,36 m chez les femmes.



    LE RECORD DU MONDE DE JAN ZELEZNY ET LES LIMITES DU TERRAIN

    le 31 Mai 1996 : 98,48m

        Les divers commentateurs médiatiques se sont interrogés sur la distance atteinte et la nouvlle nécessité de modifier le javelot senior masculin, pour cause d'exiguïté du terrain.

     Qu'en est-il ?

        La performance réalisée, 98.48m, l'a été sur un stade de caractère international, le javelot s'est fiché en faisant un angle d'environ 50° avec le sol, à une dizaine de mètres de l'aire de saut en hauteur qui fait face à la piste d'élan du javelot.
    Dans les stades modernes une pelouse de grands jeux (Football-Rugby) s'insère à l'intérieur de la piste d'Athlétisme. Les dimensions de référence pour l'homologation en Coupe de France ou pour les matchs de haut niveau de Football sont de 105x68 m avec un dégagement de 2 m sur le pourtour, ce qui amène à une aire herbeuse de 109x72 m. La piste de javelot devant obligatoirement être extérieur au pourtour. Dans l'hypothèse la plus défavorable, l'axe de la piste parallèle au grand axe du terrain de jeu, le record du monde laisse une marge de 10.52 m, ce qui ne pose donc aucun problème de sécurité.

        Le problème existant lors des performances réalisées au javelot "planeur" n'était pas tant la distance réalisée, que l'aspect tandentiel de la trajectoire au contact du sol. Tout en étant parfaitement valable l'engin ne se fichait pas systématiquement dans le sol, mais pouvait rebondir et fuser sur la pelouse vers le virage opposé, sur une distance pouvant atteindre 30m, ce qui amenait l'engin à plus de 130m, c'est à dire dans les aires de concours, d'où danger. Il faut néanmois rappeler que pour le record historique de UWE HOHN, 104,80m en 1984, le javelot se planta nettement.
        Pour le disque, la parade existait, c'est un filet d'environ 1 mètres disposé en arc de cercle mais, pour le javelot planeur la protection restait à mettre au point. La solution la plus simple fut le changement de normes qui transforma le javelot masculin en javelot "piqueur".

        Les performances de haut niveau réalisées cette année (ZELEZNY, HECHT, BACKLEY) l'ont été avec un angle javelot/sol à la reception, compris entre 30 et 50°. A Monaco, le javelot de MAKAROV lors de son jet à 88 mètres était à près de 90° !

        En conclusion, sur des stades aux normes internationales, il reste plus de 10 mètres de marge pour atteindre la zone hors pelouse. Mais pour autant qu'un problème de distance puisse se poser un jour, une limitation de la longueur de la piste d'élan, la ramenant de 36m à 26m, par exemple, serait plus judicieuse qu'un nouveau changement de normes de l'engin. Une telle modification permettrait de reculer la position de l'arc de délimitation de 10m sans induire de pertes significatives dans les distances atteintes. La comparaison des performances à travers le temps resterait possible. La marge de sécurité serait alors portée à 20m.

        La remise en cause du javelot senior masculin n'est donc pas à l'ordre du jour.
     

    Serge Leroy


    LA VALIDITE d'un ESSAI
     
  •      Le lancer ne sera pas valable si le concurrent, après qu'il ait commencé le lancer, touche avec n'importe quelle partie de son corps ou de ses membres le sol à l'extérieur de la piste d'élan y compris les lignes la délémitant.

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  •     L'essai ne sera valable que si la pointe de la tête métalique touche le sol avant une autre partie quelconque du restant du javelot

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  •     La tête du javelot doit toucher le sol à l'intérieur du secteur, les lignes délimitant le secteur ne font pas partie du secteur.

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  •     A aucun moment durant le jet jusqu'au moment où le javelot a été projeté en l'air, le concurrent ne sera autorisé à se tourner complétement de manière à diriger le dos vers l'arc de lancement.

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  •     Un concurrent peut interrompre un essai  déjà comencé, peut poser son engin par terre à l'intérieur ou à l'extérieur de la piste d'élan, peut quitter celle-ci, sans faire de faute, et recommencer son essai (dans le délai de 2min)

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  •     Le concurrent ne doit pas quitter la piste d'élan avant que le javelot ait touché le sol.

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  •     En quittant la piste d'élan, le premier contact avec les lignes parallètes ou le sol à l'extérieur de la piste d'élan doit être effectué complétement derrière les lignes tracées à partir des extrémités de l'arc, à l'angles droits avec les lignes parallètes.

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  •     Un athlète a 2min pour effectuer son essai à l'appel de son nom.

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    LES 5 PHASES DU LANCER DE JAVELOT

     Le lancer du javelot se décompose en 5 phases remarquables:

    1. La course d'élan préparatoire
            La course préparatoire du lanceur de javelot comporte en moyenne 8 foulées, certain en font seulement 5 tandis que d'autre 14. le buste est redressée et le bras gauche balance au rythme des foulées pour facilité l'équilibre de la course et le relachement de l'épaule.Le javelot (dans la mains gauche) est positionné au niveau de la tête, l'ouverture du coude et de l'épaule droite facilite le placement  du haut du corps.
    La vitesse de la course préparatoire n'est fonction de la performance. Elle varie de 4 à 8m/s. Elle facilite simplement le placement et le relâchement du lanceur pour le préparer à la réaction finale explosive.
    A la fin de la course prépartoire, certain lanceur enchaine la course de placement en passant par une impulsion sur jambe droite (ou même gauche pour d'autre). Cette phase de suspension favorise un relâchement du corps et à la réception, entraine une accélération des foulées de placement.
    A  la réception de l'impulsion, le lanceur  tend le bras droit vers l'arrière en exercant une rotation des épaules. Le javelot reste perpendiculaire à l'axe du corps.

    2. La course de placement
            La pointe du javelot près de l'oeil droit, la ligne d'épaules parallèle à la ligne de course, le regard fixé sur la trajectoire, la main relaché, le lanceur de javelot entame sa course de placement. Cette dernière compte un nombre d'appuis variant de 3 à 6.
    Le rythme de cette course est beaucoup plus vif et prépare l'impulsion "du pas croisé".


     

    3. Le HOP ou Pas croisé
           Le "HOP", aussi appelé "PAS CROISE" est un longue impulsion sur jambe gauche au cours de laquelle la jambe droite est balancée vers l'avant. (c'est l'allure d'un pas croisé) Au cours de cette action, le buste du lanceur reste parallèle à la ligne de course, le regard fixe la trajectoire,l'épaule gauche est "fermée" (creusée vers la doite), l'épaule et le bras droit sont éloignés, relachés et quasi oublié  loin vers l'arrière.
    Cette impulsion retardée de l'appui gauche permet d'engager la hanche et provoque un étirement des mucles de la cuisse gauche qui facilite un retour rapide du pied gauche vers l'avant. Ce plané permet également au lanceur de se concentrer et de se préparer à une réaction explosive vers le haut lors de la chute.


     

    4. Le double appui suivit du face avant
        A la réception du HOP, le lanceur s'efforce de conserver hanche, genou et pied droit dirigés vers l'avant. A cet instant, l'intention est de projeter l'épaule droite vers le haut en claquant le pied gauche au sol. Ce contact violent du pied au sol va accentuer la mise en tension des muscles de l'épaule. Cette ouverture, sans recul, de l'épaule et le rabattement rapide du bras gauche le long du corps emplifie l'étirement du pectoral et améliore grandement la vitesse du " face-avant".
    Pendant le face-avant le pied gauche reste au sol afin d'avoir un appui solide, c'est de cette appui que dépend la monté de l'épaule droite et une bonne trajectoire du lancer. lors de cette action explosive (projection de l'épaule droite) le javelot quitte la main à la verticale du pied gauche.

    5. Le ratrappé
           Le rattrapé est à la phase ou le lanceur récupère son équilibre pour ne pas sortir de la piste d'élan. La jambe gauche fortement compressée lors du face-avant se détend et projète  le lanceur vers le haut et l'avant. Le bras droit retombe devant  et le regard du lanceur suit le javelot.... qui va très loin







    MECANIQUE ELEMENTAIRE DU TEMPS D'EPAULE

          Chez les lanceurs de haut niveau, l'accélération du javelot est produite à la fin du "double appui" au cours de l'action terminale de l'épaule et du bras. Cette action explosive est la conséquence du "temps d'épaule", avancé accentuée de l'épaule vers le haut et l'avant, le bras droit, "oublié" derrière, venant "cingler" le javelot comme la lanière d'un fouet.
          Ce temps d'épaule est très prononcé chez les meilleurs et inexistant chez les lanceurs de moindre niveau. Il comporte une part "d'actions volontaires" et une part "d'actions involontaires" et quasi-réflexes, conséquence de placements segmentaires adéquats et de la mise en jeu de processus mécaniques élémentaires.
    C'est cet aspect du problème, trop souvent ignoré, que nous tentons d'analyser ici.

          Au blocage de la jambe gauche, sorte de "percussion" du sol pied à plat, jambe tendue, la hanche gauche est freinée brutalement provoquant l'accélération des masses libres vers l'avant (conservation de la quantité de mouvement):

  • Le buste pivote autour de la hanche gauche, le côté droit rattrape le côté gauche dans le plan frontal, c'est "le face avant" proprement dit.
  • La partie haute du thorax bascule en avant autour de la hanche gauche, l'épaule droite, pour autant qu'elle soit souple et relâchée, est déconnectée de la cage thoracique et tirée vers l'arrière et le bas par l'inertie du bras et du javelot.
  • Simultanément, le bras droit est mis en rotation externe à la façon d'une lame élastique qui serait pliée vers l'arrière au niveau de l'épaule et tordue en hélice autour de son axe longitudinal jusqu'au niveau de l'avant bras et de la main. C'est "le temps d'épaule".

  • Cette flexion provoque la mise en tension des rotateurs internes et des fixateurs de l'épaule améliorant ainsi leur rendement élastique. Ils réagissent en se contractant d'autant plus violemment que le blocage de la jambe gauche a été brutal. Il en résulte un retour élastique en coup de fouet, de l'épaule, du bras, de l'avant bras et de la main. C'est "le lancer proprement dit".